Chris Hughes, un des fondateurs de Facebook et le créateur de My.BarackObama.com, a annoncé jeudi le pré-lancement de son nouveau projet : Jumo.com. Il s’agit d’un réseau social entièrement consacré au monde associatif, ou « développement global » selon les termes du wonder geek, qui inclue dans cette définition un éventail très large : des soins gratuits à l’aide agricole, en passant par les projets éducatifs…
Populaire, politique…
Avec ses collocs de Harvard (Mark Zuckerberg, Eduardo Saverin, et Dustin Moskovitz), Chris participe en 2006 au lancement de Facebook. Ce site estudiantin devient rapidement un géant du net, devançant depuis le 17 mars 2010 Google en terme de connections. Mais en 2007, Chris a quitté la poule aux œufs d’or pour se lancer dans la campagne « Yes we can » d’Obama. En tant que membre du pôle communication et médias, il met en place le site My.BarackObama.com, MyBO pour les intimes. Le but : rassembler les militants, les informer sur ce qu’ils peuvent faire, à leur échelle. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça a fonctionné puisque la mobilisation autour de l’actuel président a été sans précédent.
Puis philanthrope
Après les élections, Chris Hughes décide d’aller voyager, observer, apprendre autour du monde. Il se rend en Afrique, en Amérique latine, dans le sud de l’Asie…Il tombe amoureux du Kenya et du Sénégal, le pays où lui viendra l’idée du site, et son nom (en langue yoruba, « jumo » signifie « ensemble, de concert »). Il était assis sur le toit d’une auberge, au coucher du soleil, et observait tous les gens qui s’activaient, puisant de l’eau, portant du bois, s’occupant des enfants. C’est le déclic qui amène Chris à cette idée : Aucun groupe, aucune ONG ne peut tout faire seul, mais chacun peut faire un peu, donner de ses compétences, de son temps ou de son argent pour une cause qui lui tient à cœur.
Engagement sporadique
Ce qui différencie Jumo de l’application « Causes » de Facebook, c’est avant tout la démarche. Selon Chris Hughes, les personnes qui donnent à une association à travers « Causes » connaissent déjà l’ONG et ses actions, et donnent de manière ponctuelle, par exemple en cas de crise, c’est en quelque sorte l’étape finale de ce qu’il appelle le parcours du donateur. Ce volontariat sporadique, on a pu le voir aussi lors du séisme a Haïti : les gens donnent à un instant T, et se disent qu’ils ont fait leur part. « Trop souvent, quand les gens pensent à aider le monde, ils pensent à une photo d’enfant africain affamé, en sous nutrition, ils envoient 10$ et ça leur suffit ». Toujours à propos d’Haïti, le créateur de Jumo.com explique « J’ai été frustré de voir des moments d’engagement qui ne fonctionnent pas comme une partie d’un processus beaucoup plus large pour soutenir ces organisations afin de s’assurer que [de telles] tragédies ne se produisent plus ».
Militantisme durable
Partant du principe que de nombreuses personnes souhaitent s’investir dans une cause mais ne savent pas toujours laquelle ou comment aider, le petit génie du réseau social veut créer des liens profonds et durables entre associations et volontaires. Selon les information que fournissent les inscrits, des associations lui sont proposées, présentées, et il peut obtenir tous les renseignements qu’il désire avant de faire son choix, de s’engager dans le long terme au près de celles-ci. Cela pourrait permettre de résoudre le problème qui s’est imposé à Chris Hughes : « C’est Fou que nous soyons allé aussi loin technologiquement, et en tant que civilisation, et que plus d’un milliard de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour. Ce n’est pas comme si nous n’avions pas assez de ressources, nous n’avons juste pas encore trouvé comment les distribuer ».
Un autre avantage du site : il devrait permettre aux petites ONG de rivaliser avec les plus grandes en terme de visibilité, n’ayant pas toujours les moyens de s’offrir une communication à grande échelle. Pour le moment, le site n’affiche que quelques pages, avec des offres d’emploi pour le site lui-même, une page d’inscription aux questions assez aléatoire. Le lancement complet devrait avoir lieu cet automne entre septembre et octobre. En attendant de voir le résultat, on ne peut que saluer une initiative de création d’un réseau social qui regarde plus loin que son nombril !